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Pionnier sur l'égalité filles-garçons, le lycée Jean-Monnet récompensé

Par Bernadette Frerot, publié le lundi 24 mars 2025 09:04 - Mis à jour le lundi 24 mars 2025 09:04
Le lycée Jean-Monnet s’est démarqué en obtenant le label égalité filles-garçons

En matière d’égalité des droits des hommes et des femmes, il y a un Saint-Graal pour l’Éducation nationale : le label filles-garçons. Le lycée Jean-Monnet, longtemps réputé lycée de garçons, vient d’obtenir le niveau 3. A l’échelle des cinq départements de l’académie, il est le seul, avec deux autres collèges, à avoir atteint un tel niveau.

L’égalité filles-garçons, dans un établissement où 60 % des 1 500 élèves sont des garçons, avec dans certaines filières parfois 90 % de garçons, était loin d’être une évidence. De même, comme l’a souligné une maman, qui connaît le lycée depuis des décennies, le lycée Jean-Monnet, adossé au Perrier, ce n’est plus ce qu’il était. « Il a toujours eu à Annemasse une mauvaise réputation. Ces dernières années, les progrès de l’établissement, et son niveau, ont incroyablement changé, à tel point que maintenant, tout le monde demande à venir, quitte à faire des dérogations ! ».

L’arrivée il y a six ans du nouveau proviseur Christophe Vigneau a aussi donné un nouveau souffle. Tout comme l’engagement de l’équipe pédagogique, ses enseignants et la maturité de certains élèves ont été largement salués en fin de semaine dernière lors de la remis du label. C’est Frédéric Bablon, directeur académique des services de l‘Éducation nationale de la Haute-Savoie, qui est venu remettre le label. Une grande première pour l’académie de Grenoble pour un lycée qui n’avait encore jamais atteint un tel niveau dans la qualité de ses projets internes, partenariats et outils de réflexion mis en place pour ses élèves. 

« Les patrons dans le bâtiment me prennent pour une prof de français ! »

L’égalité filles-garçons au lycée Jean-Monnet, c’est une multitude de projets mis en place ces derniers mois. Mais c’est aussi des visages, des personnalités. Comme Solange Baudrier, enseignante en construction en bâtiments, qui et a participé au film Vocations, un monde d’artisanes , réalisé par Rémi Girardot et financé avec la cité éducative d’Annemasse pour montrer le travail en BTP des femmes. « En tant qu’enseignante, avec les élèves, ça va bien, je n’ai de réflexions sur le fait que je sois une femme », raconte l’enseignante. « J’aime mon métier, j’aime le fait qu’on fasse ce qu’on aime, et non ce qu’on attend de nous. Les seules réflexions, c’est finalement quand je vais voir mes élèves en stage. Les patrons me prennent d’abord pour une prof de français ! ».

Autre visage derrière ce label, celui de l’enseignante de lettres modernes Claire Pazmandy, dont l’engagement et la réalisation de son projet “Cité, si t’es femme”, sont pour beaucoup dans l’obtention du label de niveau 3. Le projet s’est déroulé sur six mois, de septembre 2023 au 8 mars 2024 avec un travail réalisé avec quatre classes, le tout, en lien encore une fois avec la cité éducative d’Annemasse qui a financé une partie du projet.

Intervention sur les violences faites aux femmes avec la police nationale, ciné forum pour la déconstruction des formations genrées, réalisation de fresques, d’une nouvelle charte au lycée écrite par les élèves : son travail qui a su mêler plusieurs acteurs du territoire en dépassant largement la sphère de l’établissement a fait mouche. « C’est une belle fierté ce label, car je travaille chaque année sur cette thématique. Il y a eu un réel engouement des élèves qui se sont vraiment investis. Pour eux, ça vaut le coup de le faire. Et pour les familles aussi. Lors d’une présentation, on a eu plus de 150 parents présents. Cela n’arrive jamais ! En plus de vingt-cinq ans, je n’avais jamais vu ça » se réjouit l’enseignante.

Faire rayonner (même hors lycée), la promotion de l’égalité homme femme, pouvoir se mobiliser pour une cause en faisant appel à des partenaires, innover en changeant les règles avec de nouveaux outils : ces jeunes du lycée Jean-Monnet ont su montrer l’exemple et ont à cœur de faire évoluer les mœurs dans la société.

Le directeur académique Frédéric Bablon s’est dit impressionné par un tel travail. « Le niveau 3, c’est très rare. Vous pouvez être fier d’avoir atteint un tel niveau et d’être un exemple pour les autres lycées. Il n’y a pas de niveau 4, mais vu le travail et la maturité des élèves , continuez ! ». Le directeur académique a échangé avec les élèves impliqués, soulignant à maintes reprises l’importance de ces rencontres avec certains enseignants qui peuvent changer la vie des élèves, leur permettre de trouver leur voie, et surtout d’être épanouis, qu’importe leur sexe et qu’importe leur métier qu’ils choisiront.

Des portes ouvertes pour découvrir l’établissement

Le lycée Jean-Monnet a organisé sa matinée portes ouvertes samedi 22 mars sur les deux sites, place de Lattre de Tassigny et rue d’Étrembières. Des élèves préparant le CAP agent de sécurité étaient en poste aux entrées tandis que les assistants d’éducation et d’autres personnels de l’établissement accueillaient les visiteurs et leur distribuaient un plan détaillé avec la liste des formations et le programme de la matinée. Des lycéens étaient ensuite chargés de les emmener dans les salles et ateliers suivant les formations choisies. Les parents et futurs lycéens étaient réunis à l’amphithéâtre du pôle A (sections générales, technologiques et supérieures) pour écouter Christophe Vigneau, proviseur du lycée. Ce dernier a donné les premières informations utiles après une présentation du lycée dont le but est de faire progresser les élèves durant les trois années de la seconde à la terminale. Des informations étaient également données sur l’internat qui accueille les élèves des deux lycées publics annemassiens (lycée Jean-Monnet et lycée des Glières) et sur la restauration (restaurant scolaire).

Au pôle B (sections technologiques et professionnelles) la même organisation a permis de découvrir les métiers du bâtiment, du bois, de l’hôtellerie et de la sécurité, ainsi que la classe de 3e prépa métier, le dispositif Unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis) et le restaurant d’application. Les visiteurs ont également pu voir dans le hall d’entrée la pose d’un nouveau parquet par des élèves de bac pro Aménagement et Finition du Bâtiment (AFB) dans le cadre d’un chantier école.

le DL/photo A.S 23/03/25